top of page
GAIA WEISS

Iméria Netakian

<< Here we are, don't turn away now,
We are the warriors that built this town.
From Dust. >>

 

Dayanara et Joshua se marièrent à Castlebaie, un beau jour ensoleillé.

Un tapis de fleurs blanches recouvrait le sol de la Grande Place, jusqu'à l'église, dans les bonnes formes de la tradition de cette cité, et une soirée mémorable fut donnée le soir même dans la ferme des parents de Joshua Netakian.

Sans oublier de mentionner que cet union mêlant deux bonnes familles de paysans était premièrement un évènement arrangé, il en était tout autant désiré.

Dayanara était une très jolie jeune femme, forte et dévouée, et Joshua un jeune homme respectueux et débrouillard.

Les jeunes époux reprirent la ferme des Netakian. Très vite, la famille s'agrandit, malgré le décès des quatre parents. Les temps étaient malheureusement malheureux, des maladies trop couteuses pour que le petit peuple puisse les soigner emportaient la population par vague, et l'espérance de vie n'est en générale pas généreuse dans cette région.

Il est inutile de s'apitoyer sur le passé, et laissez moi vous présenter nos nouveaux personnages.

 

Un premier garçon, du nom de Noah vit le jour, et s'en suivit une petite file nommé Iméria, ainsi qu'un dernier petit gaillard baptisé Enero. Chaque enfant avait cinq ans de différence entre eux.

Située dans les contrées paysannes hors de la cité de Castlebaie, cette ferme possédait de nombreux moutons, des champs agricoles et un bon nombre de poulaillers. Tout ceci leur permettait de manger, mais aussi de pouvoir échanger les jours de marché à Castlebaie.

Iméria, contrairement à Noah n'a jamais montré de m'engouement à suivre la trace de ses parents. Dès ses sept ans, elle s'était trouvée une certaine qualité de chasseuse.

Ses parents préféraient qu'elle aide sa mère aux tâches dîtes "féminines" de la ferme, mais la demoiselle était têtue, et sans doute un peu trop désobéissante.

Ses journées se passaient en forêt, et elle ne rentrait au soir que pour donner signe de vie, avec en prime souvent une biche ou un furêt abattu.

 

À dix ans, la jeune fille tomba sur une étrange personne. Une femme d'une quarantaine d'année, encapuchonnée et blessée en pleine forêt était en train de découper le cerf qu'Iméria venait d'abattre, une flèche en plein coeur. 

" C'est ma proie ! ", s'écria la demoiselle en surgissant d'entre deux arbres, un poignard dans la main droite pointé vers la voleuse.

"Tu ne pourrais tout porter à toi toute seule, jeune fille. Et cette dépouille sera recouverte de mouches si nous ne faisons pas la découpe rapidement.

Prends ce qu'il te faut, je prendrais le reste."

La femme se dégagea et Iméria put remarquer une large entaille saignante le long de sa cuisse gauche. La blondinette -Surnom qu'elle détestait, et qu'on lui donnait souvent- ne la quitta pas du regard et commença à découper en hâte les meilleurs morceaux avant de les plonger dans un sac en toile.

"Comment vous-êtes vous fait ça, M'dame ?"

"Oh tu sais, à un certain âge, on a plus vraiment le pied sûr.. Profite de ton agileté, c'est une vieille femme fatiguée qui te le dit.."

Mensonge. Iméria n'était pas dupe, et encore moins idiote. Elle n'en croyait pas un mot, d'autant plus que la femme gardait la tête baissée vers le sol afin de ne pas dévoiler son visage, et ne cessait de murmurer des paroles inaudibles.

Iméria s'écarta enfin, et lui désigna la bête de sa main ensanglantée, l'air de dire "C'est à vous.".

C'est alors que l'étrangère entreprit de percer et planter la carcasse avec un bâton pour pouvoir la traîner. À vrai dire, elle voulait tout ce qu'il restait.

"Grosse quantité pour une vieille dame." Les paroles suspicieuses de notre petite demoiselle brisèrent cet étrange silence. Iméra n'était pas encore partie, elle l'observait.

La femme était déjà au bout de ses efforts, et elle n'avait que cinq mètres. Une piteuse scène qui poussa la jeune fille à l'aider, mais tout en restant aussi froide et vigilante.

Sans parler de l'étrangeté et du mystère que représentait cette femme, la blondinette put souligner un détail non insignifiant, ses yeux. Des yeux d'un bleu électrique, vifs comme le bleu du ciel.

"Êtes-vous une sorcière ?"

L'étrangère ricana aussitôt, ce qui était agaçant d'ailleur. Elle ricana comme aurait pu le faire une véritable sorcière, si on se basait sur les histoire des conteurs de mythes et de légendes dans les tavernes de Castlebaie. La femme s'assit, fatiguée, puis plongea presque trop brutalement ses yeux dans ceux de la jeune fille.

"Puis-je te faire confiance, petite chasseuse ?". Ses yeux restèrent fixes un bon moment avant de soudainement rejoindre le sol afin de compléter un murmure soudain qu'Iméria entendit : "De toute façon, nous n'avons pas le choix."

En cet instant, le coeur d'Iméria doubla sa cadence. Cette femme était une sorcière, ou alors elle était tout simplement folle.

Remarquant la légère panique de la chasseuse, la femme la rattrapa et la tranquillisa avec de sages et calmes paroles.

"Et bien comme une sorcière ma tête est mise à prix, mais je n'en suis pas une, petite."

 

Iméria put rencontrer l'acolyte en question de cette inconnue. Tout le long du chemin, sa conscience lui criait de fuir le piège, mais sans doute sa curiosité causerait sa perte un jour, du moins c'était ce que son rabat-joie de frère -Noah- ne cessait de lui dire chaque jour.

Une acolyte bien impressionnante, mais une acolyte en bien mauvaise santé là encore.

Cette "acolyte" n'était autre qu'une immense -ou du moins c'est l'effet qu'elle provoquait- dragonne. Une dragonne dans l'incapacité de voler, percée de toute part par des flèches aux couleurs de la garde royale, et cachant sous son aile trois très jeunes dragons.

Notre petite chasseuse fut tout d'abord effrayée, d'autant plus que la mère protectrice ne lui cacha pas sa fureur malgré ses blessures.

Pendant deux ou peut-être trois mois, Iméria se voua corps et âme à ces quatre créatures, se nourissant soudainement d'un but et d'objectifs qui faisaient rebondir sa vie, et la rendaient bien plus palpitante, mais la faisant encore moins présente dans son propre foyer à cause de ce secret. Ses sorties soulevaient beaucoup de questions et de jugement au sein de sa famille : Noah l'impulsif grondait de la savoir manquer aux tâches qu'elle devrait faire, sa mère et son père étaient impuissants encore bien que sa mère avait confiance en sa fille, et Enero avait été mis dans le secret et se joignait de temps en temps à elle. Faire confiance à un enfant ? Une mauvaise idée peut-être, mais plus Enero grandissait, plus il suivait le "mauvais exemple" qu'était sa soeur, comme dirait Joshua et Noah.

Prida, la Dragonnière, reprit des forces, ainsi que sa dragonne noire comme l'Ebène surnommée "Silhouette", un nom fort enfantin pour une dragonne aussi impressionnante et aussi caractérielle.

Parmi les dragonneaux, seul un, le gris aux yeux bleus, et éventuellement un deuxième, noir comme sa mère tenaient la route, malgré ses pattes avant trop instables et trop courtes ne laissant pas forcément croire que ceci n'était qu'un problème de croissance tardive.

Le dernier, ou plutôt la dernière, était plus faible. Cette petite femelle dorée  avait des ailes atrophiées qui ne lui serviraient probablement jamais, et elle perdait ses fragiles écailles au moindre jeu avec ses frères.

 

Iméria en appris beaucoup sur les dragons, grâce à Prida, et aussi par le simple fait de les cotoyer, mais notamment sur le fait qu'ils étaient menacés, en voie d'extinction à coup sûr, étant donné ces derniers temps. Les dragons sont fortement pourchassés et convoités, pour cause qu'une infime partie de leur corps peut-être source de magie puissante, et d'ingrédient guerisseur.

 

Deux mois supplémentaires s'écoulèrent encore, cachés dans la forêt. La Dragonne put recommencer à chasser. Hélas un jour, elle fut repérée, malgré sa vigilance.

En pleine nuit, Iméria réussit à être réveillée par les troupes du Roi qui sortaient des remparts de Castlebaie. La chasse au dragon était lancé, et même les villageois s'y étaient mêlés, en quête d'une quelconque récompense.

Elle comprit tout de suite ce qui allait se passer, ce qu'ils allaient chercher : les dragons, et la tête de Prida. Elle se rua pour les retrouver.

Une fois sur les lieux, Prida chevauchait déjà sa dragonne et décolait. Couverte de sa cape à Capuche, et tenant sous ses deux bras les deux mâles avec difficulté, la dragonnière avait du mal à maintenir les deux créatures déchainées aussi gros qu'elle, jusqu'à ce que le gris aux yeux bleus lui échappa.

Le feux et les épées approchaient, le vent hurlait et Iméria se jeta vers le jeune dragon.

Les gardes arrivaient, Prida et sa dragonne s'en allaient, la petite femelle dorée ne s'en sortirait probablement pas, fortement abîmée par le départ précipité de sa mère en plus de ses difformités.

Prida lança un dernier regard à Iméria. 

"Protège le. Va t'en. Et Adieu." Voilà ce que voulait dire son regard.

 

Cet épisode venait de marquer à vie la demoiselle.

Non seulement parce que juste après avoir décampé, elle entendit la jeune femelle se faire massacrer, mais aussi parce qu'elle avait inconsciemment commencé une destiné, et une vie bien spéciale. Une vie qui ne plairait pas à ses parents, une vie qui pourrait même très vite causer sa perte ainsi que celle de sa famille.

Pendant les mois qui suivirent, la garde tenta de retrouver la trace des deux dragonneaux. 

Cet évènement avait amplifié les troupes et des gens tels que son père furent obligés de rejoindre les rangs. Iméria avait maintenant douze ans.

Iméria eut du mal à faire accepter ce dragon qu'elle avait baptisé "Loogarden". Elle avait le soutien de sa mère heureusement ainsi que Enero. Son frère était en total désaccord, en vue du risque. Son père ne l'était pas non plus, mais ayant foi et confiance en son épouse, il aidait et restait silencieux quand à ses craintes. Iméria aimait le soutien que lui avait toujours porté sa mère malgré le fossé qui la séparait de son frère et son père. Enero, malgré son jeune âge montrait une certaine curiosité et passion à la bête qui renforçait les craintes de ses parents, mais réjouissait le coeur de sa soeur.

Aidée de sa mère et Enero, elle put s'occuper, nourrir et se lier davantage à son dragon, caché dans la grange.

Loogarden n'était pas simple. Il était têtu, et parfois féroce, elle en gardait déjà une cicatrice profonde au creux de son bassin. Fort heureusement l'intelligence de cette créature la poussait à croire qu'il comprenait parfaitement la situation.

Mais voilà un an et demi qui s'était déroulé, Iméria avait 14ans, et Loogarden ne logeait presque plus dans la grande. Il était devenu immense -presque 2m de hauteur-, volait désormais et nécessitait une quantité exorbitante de viande.

Elle lui avait déniché une grotte en mi-forêt, mi-montagne de l'Aliena, une zone peu fréquentée car les histoires de tavernes y pronait l'existance d'Orques, ces créatures des enfers issus des mythes.

Elle passait ses jours à le rejoindre, et s'initiait à devenir ce qu'était Prida, malgré tout ce que son père lui disait. Mais on ne peut mettre un oiseau dans une cage sans qu'il devienne fou et ne meurt.

La famille Netakian avait sacrifié beaucoup de bêtes pour Loogarden, et en avait aussi beaucoup acheté.

Son père devenu garde sous peine de se voir la tête coupée ainsi que celles de sa famille se contentait de prévenir Iméria des zones de la forêt qui allaient être explorées aux prochaines chasses aux dragons.

Noah ayant aujourd'hui dix-neuf ans gérait parfaitement la ferme à la place de son père aidé de Dayanara et Enero.

Mais ils ne virent pas le drame venir. Même hors de remparts, les gens sont prêts à tout pour s'enrichir et gravir les échelons, du moins comme le laissait croire ce coquin de roi égoïste. Quelconque récompense pouvait permettre d'arrondir une fin de mois voir même des vies entières. Le Roi n'est pas avare lorsqu'il s'agit de son intérêt personnel. Sa maladie l'affectait de plus en plus, ses ennemis du trône l'inquiétaient davantage et les dragons l'obsédaient toujours. Alors il escroquait le petit peuple, et prenait tout, comme la peste.

Dayanara n'échappa pas au feu et à l'injustice. Brûlée vive sur la Grande Place, la place où elle s'était unie à son cher époux afin de débuter sa vie qui lui semblait comblée aujourd'hui, cette même place.

L'arrestation fut soudaine et douloureuse. 

"Sorcière ! Putain du diable ! Vermine de l'enfer ! " criaient le peuple sur son passage honteux dans les champs et la ville, jusqu'à la Grande Place, place des mariages mais aussi place de la mort.

Joshua ne put rien faire. Les paysans voisins avaient dénoncé une possible sorcellerie en vue d'un trop grand nombre de bêtes disparues et achetées par Dayanara au marché.

 

Iméria avait quinze ans.

Iméria n'était pas là une fois de plus.

Iméria ne put jamais lui dire adieu et s'excuser.

Iméria n'était plus un enfant.

Iméria avait honte, était ravagée par la tristesse et la colère.

Iméria ne se le pardonna jamais.

Iméria n'exista plus,  et disparu.

 

Aujourd'hui, elle peut se faire appelée Daya, Imé, ou quelconque autre nom.

Aujourd'hui elle a 23 ans.

Aujourd'hui elle est ici, et demain elle sera ailleurs.

Aujourd'hui une personne transparente, demain un fantôme.

Aujourd'hui et pour toujours une dragonnière en quête d'une vengeance.

Aujourd'hui et pour toujours, l'espoir que la dernière personne que le Roi verrait, ce sera elle.

Le pigeonnier de l'équipe
SI NOTRE CONTEXTE, NOS PERSONNAGES VOUS INTERPELLENT, NOUS SERONS FORT RAVIS DE RÉPONDRE À VOTRE DEMANDE, OU VOS QUESTIONS. 
VISITEZ DONC LA CITÉ
  • Facebook Social Icon

Camille, Léa et QUENTIN.
bottom of page