top of page
Ruby O'Leary

Tina Veldka

« This ain't no place for no hero.

This ain't no place for no better man.

This ain't no place for no hero

To call "home."»

 

« Tina !! Viens manger !! »

 

Le soleil se couchait quand les appels de sa mère retentirent dans les escaliers. La jeune fille laisse alors ses outils, son projet, et quitta son bureau lentement, comme si elle refusait ne serait-ce que l’idée de voir ses parents. Elle préférait rester dans sa chambre à dessiner ou à bricoler avec ce qu’elle trouvait dans la rue lorsqu’elle sortait chiner dans les faubourgs. Parfois, il lui arrivait, par le plus pur des hasards et sur un terriiiiiiiible malentendu, de voler à l’étalage. Mais ce n’était jamais sa faute. C’était celle du marchand qui vendait trop cher pour sa petite bourse. Ses petits pieds nus dévalèrent les marches en bois qui craquaient sous ses pas. En bas, sur la table, une poularde rôtie dans le feu de la cheminée fumait et embaumait l’air. L’estomac de la jeune fille lui rappela alors qu’elle pouvait bien honorer ses parents de sa présence. Après tout, la famille pouvait compter… Et la poularde avait l’air fort délicieuse. Lorsque le couteau de son père plongea dans la chair de l’oiseau, et que le jus se mit à jaillir par la fente, Tina se mit à saliver. Elle tendit vivement son assiette, renversant son verre.« Tina !! Voyons !! Est-ce là une façon de quémander de quoi manger ? Et quand bien même, tu sais que nous devons servir ta mère en premier. Ton tour viendra ensuite. »

 

L’enfant reposa alors son assiette. Du haut de ses 11 ans, elle se sentait impuissante, et incomprise. Combien de fois son père avait-il détruit ses ouvrages ? Combien de fois avait-il sanctionné sa fille pour sa curiosité et son envie de devenir artificière ? Elle ne les comptait plus. Il voulait simplement que sa fille suive la voie de la sagesse et devienne, comme sa mère, une couturière de renom. Il espérait que la chair de sa chair se mette même au service de la Dame Lucide. Ce vieux maraud n’avait qu’une réelle envie : s’enrichir sur le dos de son enfant. Et elle le détestait pour ça. Mais la poularde avait tendance à adoucir ses humeurs. Et puis, elle pensait enfin avoir réussi son projet. Il ne lui restait plus qu’à remonter, terminer, et passer à la mise à feu. Et là, ses parents allaient enfin reconnaître son talent. Et ils la laisseraient continuer. Une fois le repas terminé et la vaisselle faite, Tina embrassa ses parents, et remonta dans sa chambre. Là, elle reprit son projet en main. C’était un cylindre de bois qu’elle avait rempli de poudre à canon, dérobée sur le port, suivant un dosage qu’elle avait savamment dosé après de très minutieux calculs, plus proches du « un peu de ceci… Et de ça !! Et… Oh ?! J’ai pas mis ce truc !!! » que de la réelle pesée. Mais elle était certaine que ça allait marcher. Et que ce serait le plus beau feu d’artifice du monde. Et que toute la ville serait fière d’elle. Et là, enfin…

 

Enfin, son père allait accepter sa passion. Elle Å“uvra encore pendant des heures, à triturer son engin, puis, les yeux emplis de sommeil, finit par le délaisser au profit de son oreiller. La nuit fut agréable, elle rêvait de toutes ces choses que les jeunes filles de son âge peuvent désirer. Une licorne, un prince charmant, une explosion gargantuesque, le bruit sec d’une main qui frappe à la porte de sa maison avec insistance et le cliquetis de pas de dizaines de jambes couvertes d’armure sur le plancher. Ces bruits là étaient d’ailleurs très réels. Trop réels pour l’enfant. Elle sursauta et se leva d’un bond. Elle entendait sa mère, qui ne parlait jamais, crier. Son père, lui, calmement, demandait ce qu’il se passait. Â« Vous êtes, messieurs dames, accusés de trahison envers la couronne. Vous serez guillotinés demain matin sur la grand place afin de servir d’exemple au peuple. Ainsi va la sévère mais juste volonté de notre bon Roi ! Vous… »Tina n’écoutait plus. Elle se saisit de son ouvrage, de son briquet en amadou, et les glissa sous sa robe de nuit avant de se faufiler à nouveau dans son lit. Elle entendit des pas monter en direction de sa chambre, puis la porte de fracasser. Une main la saisit et la traina en bas, sans prendre le temps de la laisser se relever. Ils étaient 5 gardes. Et elle était une petite fille. Ils étaient 5 monstres contre elle, la pauvre enfant perdue au milieu de nulle part. Un des hommes en armure la saisit par le bras à nouveau et la traîna dehors…. Mais la blondinette ne l’entendait de cette oreille. Elle se mit à pousser un hurlement strident, et profitant de la surprise du garde, se dégagea se son emprise avant de partir en courant. Un peu abasourdi, le garde mit du temps à réagir. Trop de temps. Au bout de la ruelle, Tina avait sorti son chef d’œuvre et son briquet en amadou, son précieux briquet en amadou. Elle l’alluma, l’approcha de la mèche enduite de poudre, et jeta son cylindre aux pieds du garde. Il regarda l’objet en riant, puis comprit de quoi il s’agissait.Trop tard. Une énorme déflagration émana de l’étrange petit cylindre, repoussant les gardes d’un côté de la rue, et Tina de l’autre… Tout en faisant voler les vitres en éclat… Mais les vitres ne furent pas les seules choses à se briser.

 

Dans l’âme et le cœur de l’enfant, une fissure naquit. Une fissure qui n’allait pas tarder à briser son esprit. Sans s’attarder sur les détails, Tina s’enfuit, courant au loin, très loi, aussi loin que ses jambes pouvaient la porter. Elle traversa les faubourgs, et se cacha sous un chariot, place du marché, où elle tomba d’épuisement. Elle ne se réveilla que très tard, le lendemain, quand un homme hurla au centre de la place. Curieuse, l’enfant sorti de sa cachette et se faufila au travers de la foule pour mieux voir ce qu’il se passait.Elle ne put que se maudire d’avoir été aussi curieuse.« Oyez, Oyez !! Au nom de sa majesté, et de la famille royale, Adam et Nissa Veldka, rebelles de leur état, sont jugés pour crimes contre la couronne. Afin de servir d’exemples à ceux et celles qui veulent suivre leur voie, ils seront guillotinés dans l’instant. »Tina aperçu alors ses parents, enchaînés, se faire traîner sur la guillotine. L’homme hurla un mot qu’elle n’entendit qu’à peine. Puis la lame entama sa funeste trajectoire. Les oreilles de la jeune fille sifflèrent. Elle n’entendit pas le bruit de l’acier qui trancha la chair, et brisa les os. Elle ne vit que les têtes rouler au sol, le visage triste, tordu de douleur et son petit monde s’écrouler. Elle ne retint que le visage de l’homme qui avait prononcé la sentence. Elle ne ressentit que de la haine, de la peur, et une foule de sentiments contradictoire qui l’envahissait. Son esprit, déjà fissuré par l’explosion, vola en éclat. Mais elle n’en laissa rien paraître. Une fois l’exécution terminée, la foule se dissipa, et Tina s’enfuit dans les ruelles. Et disparut de la circulation pendant une année.Pendant une année entière, Tina erra comme une vagabonde, volant à l’étalage comme avant, se cachant et s’abritant où elle pouvait. Parfois, elle tombait sur de vieilles loques emplies d’alcool qui pensaient pouvoir s’amuser d’une jolie jeune fille. Elle devait alors s’enfuir et se cacher ailleurs. La ville n’était pas sûre, et encore moins pour une enfant de 11 ans. En revanche, il lui arrivait de trouver un toit pour une nuit, ou d’avoir volé assez d’argent pour s’en payer un. Mais tous les aléas de son quotidien ne lui avaient pas fait abandonner ses bricolages. Quand elle passait du côté du port, elle dérobait de la poudre à canon, puis confectionnait de petits explosifs avec des débris trouvés un peu partout dans la ville.Au bout d’un an, la Chapardeuse comme les autres pauvres bougres sans famille ni toit s’amusaient à l’appeler, connaissait la ville et le port comme sa poche. Elle connaissait les moindres recoins de Castlebaie et de son port. Elle savait où aller pour éviter les pervers et les gardes, où voler sa nourriture, quand le faire…

 

Elle était devenue une vraie gamine des rues.

Mais un soir, tout bascula. Un groupe de marins qu’elle avait ridiculisé plusieurs fois avait décidé de prendre sa revanche. L’un deux se mit à la suivre. Insolente et sûre d’elle, Tina le nargua un moment avant de disparaître dans une ruelle. La mauvaise ruelle. Un autre marin l’attendait. Elle fit demi-tour et s’enfuit en courant… Enfin, si on pouvait appeler ça courir. Au détour d’une autre ruelle, un autre marin l’attendait. Le piège se refermait peu à peu. Elle s’enfuit alors jusqu’au port, où un dernier homme l’attendait. La jeune fille était essoufflée, aculée, perdue.

Elle sentait déjà le désir des hommes s’immiscer en elle, elle se voyait déjà violée, et peut être tuée…

 Â« Tu veux jouer à un jeu, ma mignonne ? On va être gentils et aimants avec toi. Allez, mon chou, retirer moi ces loques qui t’habillent ! »

Le marin s’approcha, tendit la main, attendant que Tina lui donne ses vêtements. Il sentit un poids dans sa main, baissa les yeux et…« Boooouuuum !! » S’écria Tina, folle de joie.Boum. La main de l’homme explosa en même temps que le petit objet qui était dedans, faisant gicler du sang et de la chair un peu partout, y compris sur le visage de l’enfant qui sauta de joie et se mit à danser.« Tout autour du cactus, le chasseur traque le bandit, le chasseur trouve qu’il a déjà bien ri et… BOUM !!! Parti, le bandit !!!!! »Elle jeta deux autres explosifs aux pieds des marins qui détalèrent… Un peu tard. L’un d’entre eux perdit une jambe. L’autre, la vie. Et Tina continuait de rire comme une folle. Comme la démente qu’elle était. Il ne restait que trois hommes.« Vous voulez jouer avec Anita et Liliana ? Ce sont mes deux meilleures amies du monde entier !! »

Tina sortit alors de son sac deux autres bombes, un peu plus grosses que les autres, puis les posa au sol, devant elle. Elle approcha son briquet de la mèche d’un des explosifs, et le recula.« Oh !! Mais Monsieur Briggs veut aussi voir la scène !! »L’enfant sortit de son sac une peluche en forme d’ours, avec un œil arraché, lui plaça le briquet entre les bras et… Se vit soulevée du sol. Un des trois marins avait profité du moment d’inattention de la jeune fille pour se rapprocher et la neutraliser. Affolée, elle se mit à hurler, puis mordit l’homme avant de prendre la fuite.« Eh !!! T’es qu’un MAUVAIS JOUEUR !!! BEEEUUUUH !!! »L’homme se remit en marche vers elle, sans se presser. Au vu de la vitesse de course de la gamine, ce n’était pas la peine. Tina regarda autour d’elle et aperçut un ange aux cheveux blonds.

 

Une femme sublime, une divinité. Elle se jeta à ses pieds, en larmes.« Il y a des méchants monsieurs qui veulent me faire mal. De très méchants monsieurs…. S’il vous plaît m’dame !! Et en plus, ils m’ont volé Monsieur Briggs !! Monsieur Briggs, c’est ma peluche !! Et ils veulent pas le rendre !! »La jeune femme s’accroupit, repoussa la mioche qui lui tenait la jambe, et lui aboya de ne pas bouger.« Tu bouges pas, je reviens. »Tina admira alors son ange gardien se ruer sur l’homme qui recula d’un pas. Les bruits de ses poings fracassant le vieux loup de mer étaient presque aussi beaux que les explosions d’une bombe. La scène était sublime. Les deux autres voulurent, dans un premier temps, venger leur compagnon qui s’était fait étaler par une femme. Mais la femme en question leur fit regretter leur excellente idée. Â« Belle blonde un, gros méchants… Zéééééroooooo !!! »

Tina sautillait un peu partout, ramassant ses deux grosses bombes, son nounours et son briquet au passage. Puis elle vint se coller à la femme à qui elle devait la vie, comme une gamine qui se colle au garçon qu’elle veut séduire. Elle prît sa voix la plus enfantine et engagea la conversation.« WAAAAAOOOOUUUUUH !!! T’étais juste EXPLOSIVE !!!! Une vraie bombe ! Crois moi, je sais de quoi je parle, uhuhuh !! Dis, tu vas où ? Et je peux venir avec toi ? Steuplé, steuplé, steuuuuplééééé !!! »Elle réfléchit un instant puis regarda la dame droit dans les yeux. Â« Moi, c’est Tina, Tiny Tina la Chapardeuse comme on m’appelle dans les ruelles. J’ai une grande passion dans la vie : tout. Faire. PÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉTEEEEEEEEER !!!! »

 

Elle avait peut être crié un peu fort… Mais la jeune femme avait souri. Le sourire d’une déesse. Après un petit silence, elle ébouriffa la gamine surexcitée et se mit à sa hauteur." Moi, c’est Trinidad. Dis moi… Est-ce que t'as peur ? Je ne crois pas. Je pense que tu es l'étincelle dont le Cursed a besoin. Si jamais tu as envie de danser avec la mort et de .... Tout faire péter, ose-t-elle dans un rire, t'as qu'à monter à bord. On te trouvera une place en haut du mât pour faire la mouette. T'as l'air d'avoir de la voix."Tina explosa de joie. Elle sauta au cou de la femme qui venait de lui sauver la vie et lui pose un délicat baiser sur sa joue avant de la suivre sur une barque qui les guida à un immense navire. Enfin immense, pour elle. Il fallait reconnaître qu’elle n’avait jamais vu de vrai navire fait pour voyager. Et elle partit pour un an. Un an à voguer à travers les flots, au gré des vents et marées. Il lui fallut un peu de temps pour prendre le pied marin, mais une fois qu’elle fut habituée, elle devint une véritable furie. Quand elle n’était pas perchée sur la vigie à faire le guet, elle bricolait toutes sortes de bombes, ou à chercher la tendresse de Phébalde ou de Trinidad, qu’elle voyait comme ses vraies mamans.Aujourd’hui, Tina a treize ans. Et Tina a soif de vie, de vengeance, d’explosions, et de faire tout voir à sa peluche, Monsieur Briggs.

 

Aujourd’hui, elle veut réaliser l’œuvre de sa vie, son chef d’œuvre. Aujourd’hui, Tina ne veut qu’une chose au fond d’elle : faire de Castlebaie le plus grand feu d’artifice du monde entier. Et aussi rendre ses mamans fières. Parce qu’elle les aime ses mamans.

 

« Tenez-vous prêts, les vermisseaux. Dans un instant, ça va… Faire… BOOOOUUUUM !!! »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le pigeonnier de l'équipe
SI NOTRE CONTEXTE, NOS PERSONNAGES VOUS INTERPELLENT, NOUS SERONS FORT RAVIS DE RÉPONDRE À VOTRE DEMANDE, OU VOS QUESTIONS. 
VISITEZ DONC LA CITÉ
  • Facebook Social Icon

Camille, Léa et QUENTIN.
bottom of page