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David  Tennant

Swan Melenthil

«Quand la nuit s'étend, elle se laisse tomber au hasard

Elle enveloppe et elle sape les carcasses atroces

Et si tu peux te perdre du côté du fleuve

Il te calmera jusqu'à ce que tu ne puisses plus respirer

Comme elle est belle la ville et ses lumières seulement pour les fous

Celui qui veut, il la découpe en tableaux

Là c'est l'heure ou le silence balance sur les eaux du fleuve

Le rythme des horloges qui pourrissent

Y'a là-bas cette fille qui enfle son souffle et ses jupes

Ouvertes comme des corolles en suspens

Plus elle danse, plus elle flambe, plus il l'aime, lui, comme il sent

Que no se puede, la Vida no vale Nada. »

-Noir Désir, Le Fleuve

 

« Non. Pas d’armes. Et pas de violence. »

Au fond de lui, il le savait. Il savait que c’était inévitable. Mais il repoussa l’épée de son camarade et se mit en marche, son long et ample manteau noir suivant chacun de ses gestes. Il se déplaçait en silence, calmement, droit devant lui, suivi de son compagnon. Ils marchèrent un moment, puis arrivèrent devant une porte. 

« C’est là »

Swan fut surpris que la personne qui l’accompagnait en sache autant que lui. Il réfléchit un instant, prépara chaque muscle de son corps, et posa la main sur la poignée. Il l’ouvrit, entra dans la pièce et…Ce fut sanglant. Un amas de chiasse, d’os brisés, de tripes valsant de parts et d’autres de la pièce. Du sang à en repeindre des roses blanches en rouge. Une scène d’enfer. Quand le calme fut revenu, l’assassin se tourna vers un corps encore chaud, encore en vie. Il remonta le mécanisme de l’arme de pugilat qui ornait son bras gauche, un bouclier sous lequel étaient montées trois énormes griffes. Une arme parfaite pour éviscérer, et se protéger. Il fixa un moment son compagnon de route, puis s’assit à côté de lui.

 

« Tu veux que je te raconte mon histoire ? Tu veux savoir pourquoi aujourd’hui, j’ai su que tu allais essayer de me tuer ? Tu veux savoir pourquoi tu es mort ? Et surtout, des mains de qui tu es mort ? »

L’autre le regarda, mais ne répondit pas. Comment le pourrait-il ? Sa mâchoire inférieure se trouvait quelques mètres plus loin, arrachée dès le début de la bataille.

 

« Tu sais, il ne te reste que peu de temps à vivre. Et tu emporteras mon secret dans la tombe. Avec un peu de chance, tu mourras avant la fin. »

Swan le fixa un moment. Un long moment. Puis il se leva et fit le tour de la pièce, ramassant diverses armes, du poignard à l’épée, et les rangeant sur sa tenue. Il était un arsenal vivant. Enfin, il attrapa son long manteau noir et le remit en place.

« Bon, tu ne sembles pas intrigué par qui je suis. C’en est affligeant. Mais ce n’est pas grave. Je vais te faire passer le temps. Je suis né dans un petit village au nord de Castlebaie. Un village paisible, tranquille. J’étais un gamin calme, et silencieux. Mais plein de vie. Mes par… Oh, non, ne bouge pas. Et n’essaie pas de te lever. Ton bras est là bas je crois. »Il ramassa un bras, l’examina longuement et le posa aux pieds du dernier survivant.

« Je te disais donc que mes parents étaient forgerons et horlogers. I faut avouer que les mécanismes passionnaient feu ma mère. Et mon père s’en servait pour bricoler diverses choses. Comme cette griffe sur mon bras. »Un bruit de ressort accompagna les mots de l’assassin, et la griffe surgit de la manche. Puis il tira dessus afin de la ranger. 

« Ou bien ces lames sur mon autre bras. »

Un autre bruit de ressort se fit entendre, et deux lames jaillirent sur sa main droite. Â« C’est avec ça que je t’ai arraché le bras et la jambe, d’ailleurs. Enfin bon… »Il tira sur les lames, et laissa retomber sa manche

« J’ai donc grandi en apprenant à manier les armes, mais surtout, plus important encore, à ne pas les utiliser. Puis vint un jour magique et tragique. Le jour où je suis devenu une machine à tuer. »Il se promena en sautillant dans la pièce, jouant avec certains cadavres. Puis il s’arrêta un instant, et se tourna vers l’homme agonisant.« Une bande de mercenaires s’est arrêtée à mon village. Et ils les ont tous massacrés. Hommes, femme, enfants. Tous. Je fus le seul survivant : j’avais appris à forger et à affuter des armes. Je pouvais être utile. Alors, ils m’ont ramassé. Et m’ont adopté. Ils m’ont éduqué, ont formé mon corps à tuer. J’en ai bavé. Et j’en ai souffert. J’ai dû apprendre à tuer pour survivre et à savoir quand on voulait de tuer. C’est pour ça que j’ai compris ce que tu voulais faire d’ailleurs. »

 

Les yeux de son compagnon commencèrent à se révulser. Il n’allait pas tarder à rejoindre l’autre monde.« Les années ont passé, j’ai mûri, puis vint le jour où le vieux chef passa l’arme à gauche. Il lui fallait un successeur. Ce fut son second, une merde avide de pouvoir et de sang. Une pourriture. Mais j’avais un peu prévu le coup, tu vois ? »

 

Swan se posa face à son interlocuteur. Il le fixa dans le blanc des yeux.

« T’es entrain de clamser, Will… C’est pas bon… Enfin… Je te disais que j’avais prévu le coup. Je te passe les détails, mais sache que j’ai fait un carnage dans le camp. Je les ai tous tués. Il n’en reste pas un. Comme ceux de mon village. Je suis le dernier de mon village, et le dernier de ces mercenaires. Et toi… »La tête de Will roula sur le sol, laissant une longue trainée de sang.

 

« Tu ne survis pas à ce massacre-ci. »Swan se releva, rangea son épée, et sortit de la pièce. Il arpenta le dédale de couloirs de la maison de maître dans laquelle il se trouvait, quitta les lieux, et disparut dans la nuit, suivi d’un volatile noir.Encore. Il avait encore tué. Encore ravagé. Encore massacré. Un jour, il allait devoir répondre de ses actes. Mais pas encore. Pas tout de suite. Il devait encore comprendre qui avait fait massacrer son village. Et pourquoi.Il se tourna vers son corbeau, le fixa longuement, puis rompit le silence.

 

« Bien Béatrice. Je crois qu’il est temps pour nous de retourner à Castlebaie. On va avoir du travail. »L’oiseau lui répondit par un coassement rauque. Si son maître allait avoir du travail, il allait avoir de quoi se nourrir. Peut-être d’autres mâchoires, comme celle qu’on venait de lui donner ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Camille, Léa et QUENTIN.
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