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Gabriella Wilde

Pétronille Parks

« On dit que si on fait le même rêve plusieurs fois, il se réalisera un jour. »

 

L’histoire commence le jour où le soleil et la lune mélangèrent leurs saveurs, faisant délicatement naître au creux d’un recoin émeraude la douce couleur d’une rose aux teintes pastelles. Quand cette rose révéla au monde la délicatesse de son cœur, on entendit au loin le hurlement d’un bébé s’évadant des chaleurs maternelles. Pleurer pour naître, en voilà une bien dramatique conclusion. Les larmes asséchées s’écoulèrent sur une poitrine poisseuse mais bienheureuse, chérissant déjà ce don de Mâa tant inespéré depuis des années.

 

On la nomma Pétronille. Artiste créative dans l’âme, sa mère y voyait dans ces nuances syllabiques un accord harmonique d’épices pimentées et de couleurs éclatantes. Pétronille croquerait la vie. Et Pétronille croqua la vie. Enfant du peuple et des rues de Castlebaie, elle but les connaissances pâtissières de son Père comme le veau se délecte du lait de sa génitrice et s’égaya de la dextérité de sa mère sur les ouvrages textiles. Parfois même, quand les murs n’avaient plus d’oreilles et que l’homme de la chaumière était à l’ouvrage, Mercélia lui contait les mythes de l’ancienne religion, celle dont on n’oublie les Dieux et qui, pourtant, nous murmurent des conseils en permanence. Elle lui apprit à reconnaître la succulence de la sève d’un arbre, la furtivité d’un lapin messager, la beauté du chant des feuillages qui s’évertuent à faire frémir des comptines que plus personne n’écoute.

 

Quelques fois dans l’année, quand l’astre chaud embrassait le ciel, elle l’emmenait même jusqu’au fin fond des labyrinthes aux reflets jades et olivâtres et elles répondaient toutes deux aux chansons des Divinités dont on oublie le nom. Elle y rencontra Saoirse, à peine plus âgée qu’elle, qui jamais ne quittait ce couffin de verdure. Elle se laissa bercer de ses connaissances et des légendes qui jamais ne quittaient ses lèvres sèches. Elle s’émerveilla du monde. Il n’y avait qu’une seule règle : c’était un secret.Les journées volaient autour d’elle comme des rossignols emplis de gaieté. L’injustice d’un monde ne la touchait pas. Il fallait attendre la nuit. Parce que la nuit on est seul, que la solitude oblige à penser et que penser rend triste.

 

A l’aube de ses dix printemps, Pétronille perdit le gout du sommeil. Traquée par les démons, elle prenait bien trop peur à fermer les yeux pour se retrouver face aux sueurs froides des cauchemars qui ne finissaient jamais. Emprisonnée dans des rêves morbides, angoissants, suffocants, elle hurlait à la pleine lune comme le loup en haut des montagnes de l’Aliéna. Son propre corps se débattait sous ses yeux atterrés et elle, pauvre poupée fantomatique, ne pouvait qu’admirer son père venir lui chanter les berceuses apaisantes de son enfance. Toutes les nuits, sous les yeux des étoiles impassibles, les songes oppressants recommençaient.

 

Toutes les nuits, sous les yeux des étoiles impassibles, Pétronille se détachait de son entité charnelle en suppliant silencieusement. Toutes les nuits, sous les yeux des étoiles impassibles, Henry venait consoler les tourments inexpliqués de sa fille chérie, caressant ses longs cheveux blonds tachetés de sueurs. Jusqu’à ce qu’il ne puisse plus chanter. Quatre ans après l’apparition de ses nuits blanches, son père cracha du sang sur la table du souper. A jamais le silence qui s’ensuivit restera gravé dans son esprit. Le mal se nommait Phtisie, maintenant connu sous le règne de la tuberculose. En un battement de cils elle vit son géniteur, pourtant si assidu à son emploi, ne plus avoir la force de se lever pour rejoindre l’échoppe.

 

Ne plus avoir la force de manger, de parler ou même de rire. La porte de la Flute Croustillante fut recouverte de planches cloutées et sa mère devint seule à supporter le fardeau de la chaumière. Dès lors, Pétronille cessa d’être une enfant et s’évertua à la tâche de soigner l’homme de sa vie et de gagner de quoi payer les taxes royales. S’adonnant au métier de Couturière pour aider Mercélia, elle réussit à se faire également embaucher Au Gobelet Fondu, auberge du centre de Castlebaie, les soirs où les clients vomissaient en amas par les portes grinçantes.Jeune fille à double visage, elle se découvre, dans ce poids qui repose sur ses frêles épaules, une certaine maturité et confiance en elle qu’elle n’aurait jamais imaginé. 

 

Quoi qu’il advienne, elle sera toujours prête à croquer dans la pomme.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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