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Adélaïde Kane

Diane Mortelune

Parfois, les évènements les plus anodins sont l’histoire de toute une vie. Diane est née dans une contrée de l’autre côté du Hyacintho. Fille d’artisans, elle n’était personne en particulier et ressemblait à tout le monde à la fois. Son enfance fut dessinée sous l’astre de l’amour familial et de la complicité d’une chaumière à l’aspect chaleureux. Cadette de la famille, elle grandit dans les bras de sa mère, les regards protecteurs de son père et les pattes de son grand frère qu’elle imaginait comme la perfection humaine. Tous les appréciaient, aussi bien par leur douceur que leur bonne humeur perpétuelle au milieu d’un siècle en pleine évolution et grondant la haine de la monarchie. Jusqu’au jour où. Aussi haute que six pommes, Diane entraina son ainé dans une folle partie de cache-cache en périphérie du village. La banalité de la scène en aurait ennuyé plus d’un, mais voilà qu’en quelques lignes, quelques battements de cils trop lents, quelques respirations sifflantes, la charrette d’un pauvre fermier chavire, l’adorable enfant écarquille les yeux, immobile, interdite, et le jour qui s’infiltre par ses pupilles dilatées lui offre le spectacle d’un adolescent trop silencieux. La cage thoracique broyée sous le poids du véhicule, le fils Mortelune expira son dernier souffle bien avant que sa sÅ“ur ne se précipite en hurlant sur cette carcasse tuméfiée. Bien malgré les explications du pauvre fermier penaud, on commença à murmurer entre les bouches putrides que la fillette était la cause de cette catastrophe, qu’elle aurait poussé ce garçon si respectable en face de la mort par idiotie, par jalousie ou même par perfidie. Parce que la race humaine est une charogne malintentionnée et malveillante, Diane commença à être persécutée, traitée d’assassin, tachée de boue alors qu’en elle régnait une culpabilité dévorante. De cette haine injustifiée envers elle naquit une certaine mélancolie et solitude masquant son innée gentillesse. Elle qui se préoccupait si habituellement du bonheur de son entourage fut lapidée psychiquement par celui-ci, ne trouvant réconfort que dans les bras de ses parents qui, jamais, ne doutèrent de l’innocence de leur fille chérie. Comme pour se sauver d’une folie qui la guettait mais également pour protéger ses géniteurs de ce secret qui naissait au creux de ses reins –nous nommons la sorcellerie, Diane décida de quitter la ville à l’âge de ses dix-sept printemps. Elle traversa l’Océan et passa les portes de Castlebaie, cité prospère qui lui offrirait, elle l’espérait, un renouveau et une seconde chance. Patiente, aimable et maternelle, elle s’évertua -tout en cachant sa différence- à l’utiliser pour la bénédiction de ses nouveaux compagnons de vie, soignant les plaies les plus entaillées et les infections les plus affligeantes comme pour y chercher une rédemption à ce jour d’été où elle ôta l’âme d’un garçon qui avait encore toute une vie prospère devant lui.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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