top of page
Bill Nighy

Delwyn Mac lir

C'était un homme bourru et des plus patauds qui était monté sur le petit brick goélette ancré dans la baie.
Beaucoup de gens disent que la mer change un homme.
Cela devait être vrai car c'est en capitaine accompli doté d'un équilibre sans faille et rayonnant de vie qu'il se dirigea vers le large. Quitter la terre emplissait le vieux marin d'une énergie sans limites. L'euphorie du départ ne le quittait que lorsque toutes les manœuvres étaient finies et que La Lame se transformait en nuage glissant sur l'eau dans un calme absolu.
Delwyn se souvenait de son premier voyage, le capitaine d'une vieille caraque l'avait engagé presque à contre cœur comme matelot. L'âge de partir arrivait à peine mais la force de la jeunesse joua en sa faveur.
Une passion était née. La liberté –et le danger qui l'accompagne si souvent– lui tendait les bras.

Il fit très vite ses preuves et beaucoup de bateaux de commerce le virent naviguer mais c'est ce galion, ''Le Roc de Guillem'' sur lequel sa véritable carrière de marin débuta.

L'ancien esquissa un sourire à l'apparition du souvenir : La Lame filait à une dizaine de nœuds tandis que Le Roc n'eut jamais dépassé les 8 nœuds, même les cales vides.

C'est sur ce navire, donc, que sa formation commença ; le capitaine appréciait particulièrement sa motivation et sa réactivité. Il apprit à lire les cartes et à tracer une navigation précise et sans danger mais excellait surtout dans le réglage du gréement et suivait le vent au moindre changement.
Delwyn navigua plusieurs années sur Le Roc et le désastre surgit lors d'un voyage pour Castlebaie.
La vie d'un homme est semée d'obstacle et plus encore celle d'un marin.
Le galion tentait depuis plus d'une heure de distancer une frégate pirate, mais chargé de plusieurs centaines de tonnes, Le Roc s'enfonçait trop dans l'eau pour avoir la moindre chance. De plus, étant aménagé pour le commerce, la proie ne possédait en tout et pour tout qu'une douzaine de canons. Bien trop peu pour rivaliser avec les vingt cinq de son adversaire. Le Roc et son équipage étaient condamnés.

A ce souvenir malheureux, Delwyn fit retendre ses voiles comme le vent forcissait et choquer les écoutes comme il tournait. Il voulait profiter d'une allure au largue pour prendre le plus de vitesse possible, comme pour se rassurer... Plus aucun pirate ne le rattraperait jamais.

Le premier coup de canon retentit et bientôt, un boulet fumant vint exploser la cabine du capitaine. Un affrontement inévitable s'entama. Dans l'air flottait une odeur de poudre brûlée. Les pirates abordèrent. Partout sur le pont, un vacarme d'acier s'entrechoquant monta des duels entre marins et pirates, gagnés d'avance par ces-derniers, meilleurs guerriers. Delwyn, lui, s'était réfugié en haut du mât de misaine au début des affrontements, il n'était pas un combattant et ne tenait pas à mourir si tôt.
Soudain, lui vint une idée en posant les yeux sur une écoute arrachée par un boulet qui avait défiguré la proue. Lorsque les duels se furent calmés, le capitaine des pirates embarqua pour passer en revue la cargaison encore intacte et estimer la valeur de sa prise.
''Maintenant ou jamais !'' pensa-t-il en s'élançant du bout d'un baume. L'étai d'une voile lui meurtrit les côtes à l'arrivée. Il se laissa glisser douloureusement jusqu'au pont et se cacha le plus vite possible.
Son idée ? Larguer les grappins et s'enfuir avec un bateau encore en état malgré les quelques coups de canon reçus et tout appareillé. Cette tentative lui sauva la vie en quelque sorte car après s'être fait arrêté, le capitaine avait considéré la témérité de l'acte comme honorable et l'avait seulement enfermé à fond de cale.
Une vie d'esclave l'attendait ensuite. Elle ne dura que quelques mois mais le vieil homme en gardait un fort amère ressentiment.
Malgré cette expérience malencontreuse, le large l'appelait toujours. Pendant des années encore, Delwyn fut engagé sur divers bateaux de pèche, marchandises et même un vieux cotre courageux qui, bien que tombant en ruine, voguait toujours. Tout ce temps, à chaque escale, il plongeait, tant pour entretenir les coques que par simple amour de l'eau, et économisait la moindre pièce gagnée.

Ce fut une histoire qui le décida à acheter son bateau. L'histoire d'un royaume ancien dont les terres ne produisaient plus aucune récolte. Si bien qu'une génération entière connut une famine qui décima le peuple. La version la plus répandue mentionnait un ambassadeur qui serait venu, promettant une solution aux terres stériles. La somme demandée en échange du salut du peuple, s'élevait à tout l'or du royaume. N'ayant d'autre choix que d'accepter, les survivants construisirent un bateau assez grand pour convoyer un tel trésor. Cependant, le navire fut tellement lourd que lors d'une tempête chaotique, colère des dieux jaloux de la richesse des hommes, il emporta sa merveilleuse cargaison dans son naufrage.

Delwyn avait entendu plusieurs versions de cette légende et il voulait déterminer sa véracité.
Un trésor inestimable au fond de l'eau ? Pourquoi l'y laisser ?
C'était donc pour partir faire des recherches au scriptorium de Castlebaie qu'il assembla un équipage en vitesse et acheta son brick goélette. Ses hommes n'étaient pas dignes de confiance pour une chasse au trésor, mais ils feraient l'affaire pour une traversée si courte et avec si peu de marchandises à bord ; il en recruterait d'autres une fois arrivé à destination. La Lame filait donc en direction de la cité et regardant l'horizon, le vieux capitaine rêvait au trésor qui sommeillait peut-être à l'autre bout du monde...

Le pigeonnier de l'équipe
SI NOTRE CONTEXTE, NOS PERSONNAGES VOUS INTERPELLENT, NOUS SERONS FORT RAVIS DE RÉPONDRE À VOTRE DEMANDE, OU VOS QUESTIONS. 
VISITEZ DONC LA CITÉ
  • Facebook Social Icon

Camille, Léa et QUENTIN.
bottom of page