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Emma Watson

Blanche d'Espinay

« - Eadwin, recule !, hurla petite brune en fixant son ami, qui s’était approché un peu trop près de sa bête. »

 

Elle appuya sur le torse du garçon pour le repousser avec un entrain un peu trop prononcé.La jeune damoiselle avait cette chance incommensurable de posséder la créature que tout le monde craint. Celle dont on parle dans les contes pour enfants sans réellement y croire. Blanche, la belle, la douce, était détentrice d’un véritable dragon. Son nom semblait si doux qu’il pouvait être pareil à une caresse. Seulement, son caractère différait totalement, et le garçon s’était toujours demandé pourquoi ses parents l’avaient nommée ainsi. La belle savait comment contrôler son dragon, le comprendre, mais surtout, l’empêcher de faire quelque chose qui pourraient leur porter préjudice à tous les deux. Elle s’était retranchée dans la forêt quand la bête décida de lui obéir docilement. Elle ne pouvait décemment pas vivre parmi toutes ces personnes de la noblesse, ou même du peuple. Alors elle se retira, avec l’accord commun de ses parents.

 

Ceux-ci étaient de grands amis du père Lantwyck, et autrefois de sa femme, qui n’avait désormais plus que son fils sous sa garde. Ils étaient donc tous deux devenus amis très jeunes, et avaient continué à entretenir une relation très proche une fois devenus adultes. Leurs parents avaient même songé à les marier. Mais Blanche refusa, par peur de blesser son tendre et dévoué ami, qui avait pour elle une affection si grande, qu’elle ne pouvait se résigner à prendre un tel risque. Alors ils continuèrent de se voir au fil des années, au fin fond de la forêt. L’armurier apportait souvent de quoi se nourrir à la jolie princesse des bois, et lui avait forgé une armure pour que ses brûlures soient plus légères – bien que cela ne réussisse pas tant que cela. Il lui avait confectionné une épée, un casque, et même une armure, gravant un insigne de dragon en plein milieu. Téméraire, tel était le nom qu’elle avait choisi de donner à la bête, car il n’y avait, dans cette contrée, pas plus téméraire que lui. Courageux et brave, il avait, après quelques temps, accepté que le Lantwyck l’approche. Mais jamais de trop près.

 

Le reptile n’acceptait sa présence que par brides de temps, et Eadwin acceptait cette requête. Il ne pouvait le refuser après tout. Quelques temps après ses seize ans, la jeune femme fut victime d’une attaque par dix hommes. La rumeur avait été lancée en plein milieu d’un faubourg : un dragon avait été trouvé. Ses écailles étaient rouges telles le sang, et ne pouvaient donc qu’être très rare. Ses yeux étaient, paraît-il, fait d’émeraudes, et leur vert vous transperçait de part en part. Il ne valait donc mieux pas les croiser quand vous vous mesuriez à lui. Ainsi, les fourbes réussirent à dérober son dragon, si puissant et impétueux soit-il. La colère de son ami – qui était soit dit en passant le seul qu’elle pouvait avoir – fut déclenchée, et il partit à la recherche du cracheur de feu. Il avait entendu parler de la demeure où vivait ces voleurs de dragon.

 

Muni de son épée, il avait parcouru quelques lieues, les retrouvant, se cachant pour ne pas être repéré, puis agit durant la nuit. Il libéra le monstre, et fit prisonnier l’un des membres de cette confrérie. Il écopa d’une blessure au flanc, un coup d’épée bien placé. Il guérirait, mais la marque serait éternellement là. De là, le lien des deux amis se renforça, et la damoiselle se rendit souvent en cachette dans les forges du garçon. C’était une fille discrète, qui gardait un bon souvenir de toutes les balades qu’elle avait pu faire en compagnie du brun la nuit tombée. Elle était fougueuse et pleine de vie, malgré tous les problèmes et toutes ces blessures qu’on avait pu lui asséner. Elle était le genre de fille à ne jamais abandonner, espiègle et courageuse. Mais plus encore, elle comprenait Eadwin, et savait calmer certaines de ses crises, qui se faisaient de plus en plus fréquentes. Elle le savait dangereux, mais connaissait l’art des mots. Et chacune des phrases qu’elle esquissait sonnait aux oreilles du garçon comme une douce prière. Elle était son remède. L’amitié avait le pouvoir de tout guérir.

 

Eadwin et elle ne formait qu’une seule âme. Une seule et même personne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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