Les Catacombes de Castlebaie

« For if a man plays the fool, it’s only fools he’ll persuade.

But appear to be the Devil and all men will submit. »

Astarax Lindon était un commerçant avec une bonne situation. Il avait hérité des commerces de son maître et père adoptif qui avait toujours eu beaucoup d’affection pour lui et qui s’était malheureusement éteint trop tôt. A la tête d’une importante flotte marchande, il avait absolument tout pour réussir. Il connaissait par cœur jusqu’aux plus petites ficelles du métier qu’il exerçait, sa succession était constituée d’une petite fortune qu’il avait su faire fructifier et il possédait un charme indéniable qui avait fait succomber une douce jeune femme pour qui son cœur battait plus que de raison. Mais raison et amour n’ont généralement pas grand-chose à voir ensemble. Fiancé à la douce, il partit pour son dernier voyage en mer avant son mariage. Une merveilleuse entreprise d’ingéniosité le vit accuser de piraterie par l’un de ses plus féroces concurrents. Son aimée fut, quant à elle, traitée de sorcière et brûlée vive sans que le navigateur ne put rien y faire. Transpercé de douleur, il fit de cette odieuse calomnie qui avait réduit sa bourgeoise et tranquille vie en cendres une vérité. Vendant tous ses navires de commerce, il s’offrit un formidable bâtiment imprenable et insubmersible et un équipage qu’il mit rapidement au pas après avoir découverte et perfectionné le très ancien code de la piraterie. Astarax Lindon devint le redouté Grim Astar, bien qu’il n’y avait rien de sanguinaire en lui et qu’il parvenait tout simplement à ses fins grâce à son esprit incroyable de négociant et son charisme écrasant. Sa réputation de sombre capitaine lui venait du peu qui connaissait sa véritable histoire et qui ne voyait en lui qu’un homme profondément blessé et terriblement obscur. Il fut toutefois piégé par celui qui avait été un ami et presque un frère pour lui, Jack le Corrompu, et arrêté mais le roi lui proposa d’entrer à son service, fasciné par sa manière à demeurer très à cheval sur les bonnes et dues formes. Il confisqua néanmoins son navire et son équipage comme un ultime affront, forçant le forban à entrer au service d’un autre capitaine. Mais Astar cherchait avant tout à se venger de l’homme qui l’avait initialement trahi et il accepta à la seule condition de voir son vieil ennemi écoper du sort qui aurait dû être le sien si le roi ne s’était pas intéressé à lui et à ses talents. Le marchand qui avait prospéré en l’absence de son concurrent fut donc pendu et son corps fut abandonné pendant cinq ans, le temps qu’accordait la lettre de marque à Grim Astar, aux vents et aux corbeaux. Astar obéirait donc pendant cinq années au souverain et aux ordres de Trinidad Thatch, son nouveau capitaine, tout en ruminant un sort amère pour ce traître de Jack. Toutefois, il se pourrait qu’il ne fût pas totalement insensible aux grondements du peuple qu’il entendait, parfois en mer portés par le vent, plus souvent dans les tavernes dans lesquelles il s’arrêtait une fois le pied posé à terre.